Berlioz vs. Cherubini
I. Introduction
The ninth chapter of Berlioz’s Mêmoires (for the full text see here) begins talking about the author’s admission into the Paris Conservatory in 1826 through the mediation of Jean-François Le Sueur (a musical eminence who taught composition there), then backs up to recount an incident that occurred in the previous year involving the no less eminent Luigi Cherubini, at that time director of the Conservatory.
Until fairly recently Cherubini was known principally for his 1797 Médée, and not even in the form he wrote it (as an opéra-comique), but rewritten as a pure opera, and in Italian. In the last few decades people have been learning a lot about lesser-known French (and adoptive French) composers, and performing and recording their (formerly not well-known) works. A native of Florence, Cherubini settled in France c1785 and had a very distinguished career there, first in opera, and then (after a hiatus) in religious music. (For a list of his compositions, see here. For recordings, see here.) He was director of the Paris Conservatory from 1822.
Cherubini was well thought of by his contemporaries; Beethoven considered him the best contemporary composer after himself (Cherubini did not return the favor). Berlioz presents a sourer picture of him, since Cherubini was a member of the musical establishment that caused many problems for the younger composer. Berlioz mentions him frequently in the Mémoires, and almost never in a favorable light.
The other name it will help to know about is (Christoph Willibald) Gluck, the score of whose Alceste Berlioz is consulting in the Conservatory library when interrupted by Cherubini and an attendant. Of Austrian origin, Gluck spent the final phase of his career (1774-1779) in Paris, where he promoted operatic reform with the productions of his Iphigénie en Aulide, Orphée et Euridice, Alceste, and Iphigénie en Tauride. Berlioz accords him the highest veneration.
II. Just the Text
Chapitre IX. Ma première entrevue avec Cherubini.—Il me chasse de la bibliothèque du Conservatoire.
1 Lesueur, voyant mes études harmoniques assez avancées, voulut régulariser ma position, en me faisant entrer dans sa classe du Conservatoire. Il en parla à Cherubini, alors directeur de cet établissement, et je fus admis. Fort heureusement, on ne me proposa point, à cette occasion, de me présenter au terrible auteur de Médée, car, l’année précédente, je l’avais mis dans une de ses rages blêmes en lui tenant tête dans la circonstance que je vais raconter et qu’il ne pouvait avoir oubliée.
2 À peine parvenu à la direction du Conservatoire, en remplacement de Perne qui venait de mourir, Cherubini voulut signaler son avènement par des rigueurs inconnues dans l’organisation intérieure de l’école, où le puritanisme n’était pas précisément à l’ordre du jour. Il ordonna, pour rendre la rencontre des élèves des deux sexes impossible hors de la surveillance des professeurs, que les hommes entrassent par la porte du Faubourg-Poissonnière, et les femmes par celle de la rue Bergère; ces différentes entrées étant placées aux deux extrémités opposées du bâtiment.
![Site Plan Of The Menus Plaisirs And The Conservatoire 1836 Prod'homme 1929 P127](https://eypx9k2gof6.exactdn.com/wp-content/uploads/2018/04/Site_plan_of_the_Menus-Plaisirs_and_the_Conservatoire_1836_-_Prodhomme_1929_p127.jpg?strip=all&lossy=1&ssl=1)
3 En me rendant un matin à la bibliothèque, ignorant le décret moral qui venait d’être promulgué, j’entrai, suivant ma coutume, par la porte de la rue Bergère, la porte féminine, et j’allais arriver à la bibliothèque quand un domestique, m’arrêtant au milieu de la cour, voulut me faire ressortir pour revenir ensuite au même point en rentrant par la porte masculine. Je trouvai si ridicule cette prétention que j’envoyai paître l’argus en livrée, et je poursuivis mon chemin. Le drôle voulait faire sa cour au nouveau maître en se montrant aussi rigide que lui. Il ne se tint donc pas pour battu, et courut rapporter le fait au directeur. J’étais depuis un quart d’heure absorbé par la lecture d’Alceste, ne songeant plus à cet incident, quand Cherubini, suivi de mon dénonciateur, entra dans la salle de lecture, la figure plus cadavéreuse, les cheveux plus hérissés, les yeux plus méchants et d’un pas plus saccadé que de coutume. Ils firent le tour de la table où étaient accoudés plusieurs lecteurs; après les avoir tous examinés successivement, le domestique s’arrêtant devant moi, s’écria: « Le voilà! » Cherubini était dans une telle colère qu’il demeura un instant sans pouvoir articuler une parole: « Ah, ah, ah, ah! c’est vous, dit-il enfin, avec son accent italien que sa fureur rendait plus comique, c’est vous qui entrez par la porte qué, qué, qué zé ne veux pas qu’on passe!—Monsieur, je ne connaissais pas votre défense, une autre fois je m’y conformerai.—Une autre fois! une autre fois! Qué-qué-qué vénez-vous faire ici?—Vous le voyez, monsieur, j’y viens étudier les partitions de Gluck.—Et qu’est-ce qué, qu’est-ce qué- qué-qué vous regardent les partitions dé Gluck? et qui vous a permis dé venir à-à-à la bibliothèque?—Monsieur! (je commençais à perdre mon sang-froid) les partitions de Gluck sont ce que je connais de plus beau en musique dramatique et je n’ai besoin de la permission de personne pour venir les étudier ici. Depuis dix heures jusqu’à trois la bibliothèque du Conservatoire est ouverte au public, j’ai le droit d’en profiter.—Lé-lé-lé-lé droit?—Oui, monsieur.—Zé vous défends d’y revenir, moi!—J’y reviendrai, néanmoins.—Co-comme-comment-comment vous appelez-vous? » crie-t-il, tremblant de fureur. Et moi pâlissant à mon tour: « Monsieur! mon nom vous sera peut-être connu quelque jour, mais pour aujourd’hui… vous ne le saurez pas!—Arrête, a-a-arrête-le, Hottin (le domestique s’appelait ainsi), qué-qué-qué-zé lé fasse zeter en prison! » Ils se mettent alors tous les deux, le maître et le valet, à la grande stupéfaction des assistants, à me poursuivre autour de la table, renversant tabourets et pupitres, sans pouvoir m’atteindre, et je finis par m’enfuir à la course en jetant, avec un éclat de rire, ces mots à mon persécuteur: « Vous n’aurez ni moi ni mon nom, et je reviendrai bientôt ici étudier encore les partitions de Gluck! »
4 Voilà comment se passa ma première entrevue avec Cherubini. Je ne sais s’il s’en souvenait quand je lui fus ensuite présenté d’une façon plus officielle. Il est assez plaisant en tout cas, que douze ans après, et malgré lui, je sois devenu conservateur et enfin bibliothécaire de cette même bibliothèque d’où il avait voulu me chasser. Quant à Hottin, c’est aujourd’hui mon garçon d’orchestre le plus dévoué, le plus furibond partisan de ma musique; il prétendait même, pendant les dernières années de la vie de Cherubini, qu’il n’y avait que moi pour remplacer l’illustre maître à la direction du Conservatoire. Ce en quoi M. Auber ne fut pas de son avis.
5 J’aurai d’autres anecdotes semblables à raconter sur Cherubini, où l’on verra que s’il m’a fait avaler bien des couleuvres, je lui ai lancé en retour quelques serpents à sonnettes dont les morsures lui ont cuit.
III. The Text Glossed
1 Lesueur, voyant mes études harmoniques assez avancées, voulut régulariser ma position, en me faisant entrer dans sa classe du Conservatoire. Il en parla à Cherubini, alors directeur de cet établissement, et je fus admis. Fort heureusement, on ne me proposa point, à cette occasion, de me présenter au terrible auteur de Médée, car, l’année précédente, je l’avais mis dans une de ses rages blêmes en lui tenant tête dans la circonstance que je vais raconter et qu’il ne pouvait avoir oubliée.
voulut – This semi-auxiliary verb, when used in a perfective past tense (passé composé or passe simple) can mean: “decided, chose (to do something).”
Fort – An elegant variant for très.
terrible auteur de Médée – A periphrase for Cherubini.
ses rages blêmes – One gathers that Cherubini was something of an anal-retentive type (see the next paragraph).
en lui tenant tête – tenir tête à means “to stand up to.”
2 À peine parvenu à la direction du Conservatoire, en remplacement de Perne qui venait de mourir, Cherubini voulut signaler son avènement par des rigueurs inconnues dans l’organisation intérieure de l’école, où le puritanisme n’était pas précisément à l’ordre du jour. Il ordonna, pour rendre la rencontre des élèves des deux sexes impossible hors de la surveillance des professeurs, que les hommes entrassent par la porte du Faubourg-Poissonnière, et les femmes par celle de la rue Bergère; ces différentes entrées étant placées aux deux extrémités opposées du bâtiment.
À peine – Learn this little phrase! (“scarcely, hardly”)
venait de mourir – venir (in present or imperfect) + de + infinitif is an absolutely basic idiom. If (per impossibile) you haven’t learned it yet, see here and here.
voulut – Again, voulut may have the force of “decided.”
où le puritanisme… – The où is here a relative (not an interrogative) adverb, and I consider “where” a clunky translation for it. (The same goes for the où in paragraph 5: où l’on verra que…)
hors de – Learn hors (de) and also dehors (outside), en dehors de (outside of, apart from, excluding). Here, hors de has the special meaning “away from.”
entrassent – Imperfect subjunctive, as is required in a secondary sequence. On this literary tense, see the Language file Formation and the topic Uses: In Secondary Sequence.
3a En me rendant un matin à la bibliothèque, ignorant le décret moral qui venait d’être promulgué, j’entrai, suivant ma coutume, par la porte de la rue Bergère, la porte féminine, et j’allais arriver à la bibliothèque quand un domestique, m’arrêtant au milieu de la cour, voulut me faire ressortir pour revenir ensuite au même point en rentrant par la porte masculine. Je trouvai si ridicule cette prétention que j’envoyai paître l’argus en livrée, et je poursuivis mon chemin. Le drôle voulait faire sa cour au nouveau maître en se montrant aussi rigide que lui. Il ne se tint donc pas pour battu, et courut rapporter le fait au directeur. J’étais depuis un quart d’heure absorbé par la lecture d’Alceste, ne songeant plus à cet incident, quand Cherubini, suivi de mon dénonciateur, entra dans la salle de lecture, la figure plus cadavéreuse, les cheveux plus hérissés, les yeux plus méchants et d’un pas plus saccadé que de coutume. Ils firent le tour de la table où étaient accoudés plusieurs lecteurs; après les avoir tous examinés successivement, le domestique s’arrêtant devant moi, s’écria: « Le voilà! »
En me rendant – On the different meanings of the verb rendre, see here.
ignorant – I pity the person who doesn’t know the correct translation of ignorer.
la cour – This word is used for an enclosed space open to the sky. Many buildings in French cities have have a cour inside them. (See the films Rear Window and le Crime de M. Lange, in both which dramas the cour plays an important rôle.)
voulut – Here voulut has the other meaning that vouloir can have in a perfective tense (passé simple or passé composé): “tried.”
paître – means “to graze,” but that won’t work as a translation here.
l’argus – “spy, guard” (like the many-eyed mythological being who guarded Io for Hera). Also, a price guide (e.g., of used cars). Also, used as the name of various products (e.g., military surveillance aircraft).
la figure plus cadavéreuse… – A series of “absolute participial phrases” (my term), here involving (as they usually do) a part of the body: face, hair, eyes, step. For translation, see below.
3b Cherubini était dans une telle colère qu’il demeura un instant sans pouvoir articuler une parole: « Ah, ah, ah, ah! c’est vous, dit-il enfin, avec son accent italien que sa fureur rendait plus comique, c’est vous qui entrez par la porte qué, qué, qué zé ne veux pas qu’on passe!—Monsieur, je ne connaissais pas votre défense, une autre fois je m’y conformerai.—Une autre fois! une autre fois! Qué-qué-qué vénez-vous faire ici?—Vous le voyez, monsieur, j’y viens étudier les partitions de Gluck.—Et qu’est-ce qué, qu’est-ce qué- qué-qué vous regardent les partitions dé Gluck? et qui vous a permis dé venir à-à-à la bibliothèque?—Monsieur! (je commençais à perdre mon sang-froid) les partitions de Gluck sont ce que je connais de plus beau en musique dramatique et je n’ai besoin de la permission de personne pour venir les étudier ici. Depuis dix heures jusqu’à trois la bibliothèque du Conservatoire est ouverte au public, j’ai le droit d’en profiter.—Lé-lé-lé-lé droit?—Oui, monsieur.—Zé vous défends d’y revenir, moi!
votre défense – For this special meaning that the verb défendre and the noun une défense can have, see this Language topic. Also, at the end of this section: Zé vous défends d’y revenir, moi!
« Ah… —Monsieur!… – French guillemets do not work in quite the same way as English quotation marks. One set surrounds the entire dialogue; a change of speaker is indicated by a dash. Meanwhile, (“s)he said”s are set off simply by inversion (dit-il, dit-elle). For more, see this commentary section on Chapter 10 (scroll down).
Et qu’est-ce que vous regardent les partitions de Gluck? – Correcter French would have been: Que vous regardent…, but the poor man is beside himself. The meaning of regarder here is something like “concern.” Consider the popular put-down:
Ça vous regarde? (Does that concern you?)
ce que je connais de plus beau – The adjective plus beau is attached to the indefinite relative pronoun ce que by the preposition de, similarly to what happens in these constructions:
- quelqu’un d’intéressant, quelque chose d’intéressant (someone interesting, something interesting)
- ce qu’il y a d’ahurissant dans l’affaire (what is astonishing in the matter [literally: “what there is of astonishing”])
3c —J’y reviendrai, néanmoins.—Co-comme-comment-comment vous appelez-vous? » crie-t-il, tremblant de fureur. Et moi pâlissant à mon tour: « Monsieur! mon nom vous sera peut-être connu quelque jour, mais pour aujourd’hui… vous ne le saurez pas!—Arrête, a-a-arrête-le, Hottin (le domestique s’appelait ainsi), qué-qué-qué-zé lé fasse zeter en prison!» Ils se mettent alors tous les deux, le maître et le valet, à la grande stupéfaction des assistants, à me poursuivre autour de la table, renversant tabourets et pupitres, sans pouvoir m’atteindre, et je finis par m’enfuir à la course en jetant, avec un éclat de rire, ces mots à mon persécuteur: «Vous n’aurez ni moi ni mon nom, et je reviendrai bientôt ici étudier encore les partitions de Gluck! »
qué-qué-qué-zé lé fasse zeter en prison! – In other words, Que je le fasse jeter en prison! which neatly combines two constructions: the First-Person Imperative and the Faire causatif.
Ils se mettent alors…à me poursuivre – se mettre à, plus an infinitive, means: “to begin to.” This is also an example of Historical Present, of which the French are so fond.
à la course = “while running”
4 Voilà comment se passa ma première entrevue avec Cherubini. Je ne sais s’il s’en souvenait quand je lui fus ensuite présenté d’une façon plus officielle. Il est assez plaisant en tout cas, que douze ans après, et malgré lui, je sois devenu conservateur et enfin bibliothécaire de cette même bibliothèque d’où il avait voulu me chasser. Quant à Hottin, c’est aujourd’hui mon garçon d’orchestre le plus dévoué, le plus furibond partisan de ma musique; il prétendait même, pendant les dernières années de la vie de Cherubini, qu’il n’y avait que moi pour remplacer l’illustre maître à la direction du Conservatoire. Ce en quoi M. Auber ne fut pas de son avis.
plaisant – Plaisant can mean “pleasing” (from plaire), but here it means: “amusing.” Note also: plaisanter (“to joke”), une plaisanterie (“a joke”), un plaisantin (“a jokester”), un mauvais plaisant (“a practical joker”).
je sois devenu – Subjunctive after an “impersonal judgment” or else the expression of an emotion (plaisant).
il avait voulu – Like the use of voulut as glossed in paragraph 3a, NOT like the uses glossed in paragraphs 1 and 2.
M. Auber – It was in fact Daniel Auber (1782-1871) who succeeded Cherubini as director of the Conservatory in 1842. Auber was a highly successful composer of operas and operas comiques.
5 J’aurai d’autres anecdotes semblables à raconter sur Cherubini, où l’on verra que s’il m’a fait avaler bien des couleuvres, je lui ai lancé en retour quelques serpents à sonnettes dont les morsures lui ont cuit.
s’il m’a fait… – The si here is a “concessive si,” about which see this Language topic.
s’il m’a fait avaler bien des couleuvres – Une couleuvre is a (grass-)snake. Faire avaler des couleuvres à quelqu’un = “to inflict unpleasantnesses on a person.”
quelques serpents à sonnettes – Un serpent à sonnette(s) = “a rattle-snake.” The idea seems to be that Berlioz got his own back, and then some.
morsures – Learn, if you haven’t already, the regular –(d)re verb mordre, and this feminine noun based on it, une morsure.
cuit – Cuire or faire cuire means “to cook,” but here it has the metaphorical meaning “to sting.” Note the expression: une remarque cuisante (a cutting remark).
IV. The Text Translated
Chapitre IX. Ma première entrevue avec Cherubini.—Il me chasse de la bibliothèque du Conservatoire. |
Chapter 9. My first interview with Cherubini.—He chases me from the Conservatory library. |
1 Lesueur, voyant mes études harmoniques assez avancées, voulut régulariser ma position, en me faisant entrer dans sa classe du Conservatoire. Il en parla à Cherubini, alors directeur de cet établissement, et je fus admis. Fort heureusement, on ne me proposa point, à cette occasion, de me présenter au terrible auteur de Médée, car, l’année précédente, je l’avais mis dans une de ses rages blêmes en lui tenant tête dans la circonstance que je vais raconter et qu’il ne pouvait avoir oubliée. | 1 Le Sueur, seeing (that) my studies of harmony (were) fairly advanced, decided1 to regularize my position, by having me enter his class in the Conservatory. He spoke about it to Cherubini, at that time the director of this establishment, and I was admitted. Very fortunately, it was not proposed, on this occasion, to introduce myself to the fearful author of Medea, for, the previous year, I had put him into one of his white rages by standing up to him in the circumstance I am going to relate and that he could not have forgotten. |
2 À peine parvenu à la direction du Conservatoire, en remplacement de Perne qui venait de mourir, Cherubini voulut signaler son avènement par des rigueurs inconnues dans l’organisation intérieure de l’école, où le puritanisme n’était pas précisément à l’ordre du jour. Il ordonna, pour rendre la rencontre des élèves des deux sexes impossible hors de la surveillance des professeurs, que les hommes entrassent par la porte du Faubourg-Poissonnière, et les femmes par celle de la rue Bergère; ces différentes entrées étant placées aux deux extrémités opposées du bâtiment. | 2 No sooner had Cherubini become head of the Conservatory,2 as a replacement for Perne who had just died, than he resolved to announce his arrival by means of strict measures unknown in the interior organization of the school, in which puritanism was not exactly the order of the day.3 He decreed, so as to make the encounter of the two sexes impossible outside of the surveillance of the professors, that men should enter by the door on the rue du Faubourg Poissonnière, and women by the door on the rue Bergère; these different entrances were placed at the two opposite ends of the building. |
3a En me rendant un matin à la bibliothèque, ignorant le décret moral qui venait d’être promulgué, j’entrai, suivant ma coutume, par la porte de la rue Bergère, la porte féminine, et j’allais arriver à la bibliothèque quand un domestique, m’arrêtant au milieu de la cour, voulut me faire ressortir pour revenir ensuite au même point en rentrant par la porte masculine. Je trouvai si ridicule cette prétention que j’envoyai paître l’argus en livrée, et je poursuivis mon chemin. Le drôle voulait faire sa cour au nouveau maître en se montrant aussi rigide que lui. Il ne se tint donc pas pour battu, et courut rapporter le fait au directeur. J’étais depuis un quart d’heure absorbé par la lecture d’Alceste, ne songeant plus à cet incident, quand Cherubini, suivi de mon dénonciateur, entra dans la salle de lecture, la figure plus cadavéreuse, les cheveux plus hérissés, les yeux plus méchants et d’un pas plus saccadé que de coutume. Ils firent le tour de la table où étaient accoudés plusieurs lecteurs; après les avoir tous examinés successivement, le domestique s’arrêtant devant moi, s’écria: « Le voilà! » | 3a Going to the library one morning, not knowing the moral decree that had just been promulgated, I entered, in accordance with my custom, by the Rue Bergère door, the women’s door,4 and I was about to arrive at the library when a custodian,5 stopping me in the middle of the courtyard, tried to make me go out again so as then to come back to same point entering through the men’s door. I found this notion so ridiculous that I sent the liveried Argus packing, and I continued on my path. The funny fellow was eager to pay court to the new master by showing himself to be as rigid as he. He did not therefore consider himself beaten, and ran to report the deed to the director. I had been absorbed by the reading of Alceste for a quarter of an hour, without a thought for this incident, when Cherubini, followed by my denouncer, entered the reading room, with his face more corpse-like, his hair more disheveled,6 his eyes more malicious, and his walk clumsier7 than usual. They made their way around the table where several readers were leaning on their elbows; after examining them all in turn, the custodian, stopping in front of me, cried out: “Here he is!” |
3b Cherubini était dans une telle colère qu’il demeura un instant sans pouvoir articuler une parole: « Ah, ah, ah, ah! c’est vous, dit-il enfin, avec son accent italien que sa fureur rendait plus comique, c’est vous qui entrez par la porte qué, qué, qué zé ne veux pas qu’on passe!—Monsieur, je ne connaissais pas votre défense, une autre fois je m’y conformerai.—Une autre fois! une autre fois! Qué-qué-qué vénez-vous faire ici?—Vous le voyez, monsieur, j’y viens étudier les partitions de Gluck.—Et qu’est-ce qué, qu’est-ce qué- qué-qué vous regardent les partitions dé Gluck? et qui vous a permis dé venir à-à-à la bibliothèque?—Monsieur! (je commençais à perdre mon sang-froid) les partitions de Gluck sont ce que je connais de plus beau en musique dramatique et je n’ai besoin de la permission de personne pour venir les étudier ici. Depuis dix heures jusqu’à trois la bibliothèque du Conservatoire est ouverte au public, j’ai le droit d’en profiter.—Lé-lé-lé-lé droit?—Oui, monsieur.—Zé vous défends d’y revenir, moi! | 3b Cherubini was in such a rage that he remained a moment without being able to utter a word.8 “Ah, ah, ah, ah! It’s you,” he said at last, with his Italian accent that his fury made (even) more comical, “It’s you who enter through the door that I don’t want people to pass through!” “Sir, I was unaware of your interdiction; another time I will act in conformity with it.” “Another time! Another time! What–What-What do you come to do here?” “As you can see, Sir, I come here to study Gluck’s scores.” “And just how-how-how do Gluck’s scores concern you? And who allowed you to come to-to-to the library?” “Sir!” (I was beginning to lose my calm.) “Gluck’s scores are the most beautiful dramatic music I know of, and I do not need anyone’s permission to come study them here. From ten o’clock until three the Conservatory library is open to the public; I have the right to take advantage of it.” “The-the-the-the right?” “Indeed, Sir.” “And I am forbidding you to come back here!” |
3c —J’y reviendrai, néanmoins.—Co-comme-comment-comment vous appelez-vous? » crie-t-il, tremblant de fureur. Et moi pâlissant à mon tour: « Monsieur! mon nom vous sera peut-être connu quelque jour, mais pour aujourd’hui… vous ne le saurez pas!—Arrête, a-a-arrête-le, Hottin (le domestique s’appelait ainsi), qué-qué-qué-zé lé fasse zeter en prison!» Ils se mettent alors tous les deux, le maître et le valet, à la grande stupéfaction des assistants, à me poursuivre autour de la table, renversant tabourets et pupitres, sans pouvoir m’atteindre, et je finis par m’enfuir à la course en jetant, avec un éclat de rire, ces mots à mon persécuteur: «Vous n’aurez ni moi ni mon nom, et je reviendrai bientôt ici étudier encore les partitions de Gluck! » | 3c “I will come back, nevertheless.” “Wha-Wha-Wha-What is your name?” he shouted, trembling with anger. Growing pale in my turn, I answered: “Sir! My name will perhaps be known to you some day, but for today… you will not learn it!” “Stop, st-st-stop him, Hottin!” (For that was the custodian’s name.) “Let me have him thrown into prison!” They began then, both of them, the master and the valet, to the great amazement of those present, chasing me around the table, overturning stools and reading desks, without being able to reach me, and I ended up escaping at a run, throwing these words, with a burst of laughter, back at my persecutor9: “You will have neither me nor my name, and I will come back soon to study Gluck’s scores some more!” |
4 Voilà comment se passa ma première entrevue avec Cherubini. Je ne sais s’il s’en souvenait quand je lui fus ensuite présenté d’une façon plus officielle. Il est assez plaisant en tout cas, que douze ans après, et malgré lui, je sois devenu conservateur et enfin bibliothécaire de cette même bibliothèque d’où il avait voulu me chasser. Quant à Hottin, c’est aujourd’hui mon garçon d’orchestre le plus dévoué, le plus furibond partisan de ma musique; il prétendait même, pendant les dernières années de la vie de Cherubini, qu’il n’y avait que moi pour remplacer l’illustre maître à la direction du Conservatoire. Ce en quoi M. Auber ne fut pas de son avis. | 4 This is how my first interview with Cherubini took place. I do not know if he remembered it when I was subsequently introduced to him in a more official way. It is rather amusing in any case that, twelve years later, and in spite of him, I became at last the librarian of this same library from which he had attempted to chase me. As for Hottin, he is today my most devoted orchestra boy, the most furious partisan of my music; he even claimed, during the final years of Cherubini’s life, that I was the only possible person10 to replace the illustrious master as Conservatory director. In which M. Auber was not of his opinion. |
5 J’aurai d’autres anecdotes semblables à raconter sur Cherubini, où l’on verra que s’il m’a fait avaler bien des couleuvres, je lui ai lancé en retour quelques serpents à sonnettes dont les morsures lui ont cuit. | 5 I will have other anecdotes to tell about Cherubini, in which one will see that, while he made me swallow many a pill, in return I threw a few darts his way that undoubtedly pricked him. |
- OR: “wanted”[↩]
- More closely: “Scarcely arrived at the direction of the Conservatory”[↩]
- à l’ordre du jour can also mean: “on the agenda.”[↩]
- Literally: “the feminine door”[↩]
- It doesn’t seem that “domestic” or “servant,” usual translations of domestique, quite fits this person’s functions. However, Berlioz may be using the word to make a point.[↩]
- OR: “standing up more”[↩]
- OR: “jerkier.” Did Cherubini have a limp?[↩]
- I do not attempt to follow Berlioz in his mockery of Cherubini’s accent, although I do include the stuttering.[↩]
- “Persecutor” is the proper translation, but Cherubini is also, literally, Berlioz’s persuer.[↩]
- Literally: “that there was none but me”[↩]
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